Mathieu Billot : "Quand on monte à cheval, le but ultime, c'est les Jeux"
Né à Deauville, fils de cavalier, Mathieu Billot est un enfant de la balle qui a effectué son premier concours à l’âge de quatre ans. Aujourd’hui, à 35 ans, le Normand connaît la consécration en intégrant l’Equipe de France de saut d'obstacles, tenante du titre, grâce notamment à Quel Filou 13, un hongre gris de 15 ans…
Que représente pour toi cette aventure olympique ?
Pour moi c’est une consécration. C’est le rêve que tout sportif a dans un coin de sa tête. Je vais essayer de tout donner pour défendre le titre conquis à Rio avec mes coéquipiers Pénélope Leprévost, une autre Normande, Nicolas Delmotte et Simon Delestre.
Pourrais-tu résumer ton parcours ?
Je suis né à Deauville, j'ai fait mon premier concours à l'âge de 4 ans. Mon père Jean-Michel Billot était déjà un cavalier professionnel de très bon niveau. Je suis donc vraiment "né dedans". J'ai été champion d'Europe junior. J'ai ensuite été médaillé en "jeune cavalier" (jusqu'à 21 ans), je suis ensuite passé chez les séniors. En bref, j'ai toujours fait ça depuis que je suis né, je n'ai jamais arrêté.
J'ai fait mon premier concours à l'âge de 4 ans
Tu vis dans ce monde. Tu formes des chevaux, certains sont à toi... c'est une petite entreprise ?
C'est ça. J'ai une écurie à Saint-Gatien-des-Bois dans le Calvados, où nous faisons essentiellement commerce de chevaux, et écurie propriétaire pour le haut-niveau, c’est-à-dire que des cavaliers peuvent venir monter leurs chevaux que j'entraîne et je les coache, ou alors des propriétaires achètent des chevaux, comme celui que je monte pour les Jeux Olympiques : « Quel Filou 13 ». Il appartient pour 1/3 à mon écurie, et pour 2/3 à Monsieur et Madame Garreau, et leur fils Benjamin, qui ont investi pour avoir un cheval de haut niveau (1).
C'est toi qui as repéré ce cheval ?
Oui quand il avait douze ans. Il était monté par un cavalier danois et nous sommes allés l'acheter là-bas. Quand je l'ai vu sauter avec son ancien cavalier à Vilamoura au Portugal, il m'a tapé dans l'œil, il sautait avec des moyens incroyables, j'adorais ce cheval, nous l'avons acheté ensemble pour essayer de vivre une belle histoire, et ça se passe plutôt bien.
À quoi ressemblent tes écuries à Saint-Gatien ?
Il y a six hectares. Il y a des paddocks, des boxes, une carrière, un manège, un marcheur, ce n'est pas très grand, mais c'est très fonctionnel.
La Normandie, c’est la terre du sport équestre ?
Il est vrai que nous sommes très nombreux là, tout autour, il y a beaucoup de très bons cavaliers en Normandie. C'est que pour cela qu'il y a un très haut niveau. C'est sûr que nous sommes tous réunis à peu de kilomètres de distance dans les environs de Deauville.
Quand on commence à monter à cheval, le but ultime, ce sont les Jeux
Les Jeux Olympiques, un rêve ?
Quand on commence à monter à cheval, le but ultime, ce sont les Jeux. C'est quelque chose d'incroyable de pouvoir y aller, je suis très sportif, j'adore tous les sports. Après, avec le Covid, je ne sais pas si on pourra tout voir, nous sommes un peu bloqués et il est évident que ce ne sont pas des Jeux Olympiques normaux. Mais c'est déjà une énorme satisfaction d'être ici, je suis ravi de pouvoir y participer.
As-tu de grands souvenirs des Jeux Olympiques ?
Rien qu'il y a cinq ans, Pénélope, Kévin, Philippe, Roger-Yves (2). Ils sont tout de même champions olympiques, la France est la tenante du titre, donc on va essayer de se battre pour ramener une médaille !
Gonzalo Arroyo Moreno/Getty Images
L'équitation est une importante pourvoyeuse de médailles pour la France, ressens-tu une pression ?
Il faut défendre le titre, et il y a bien sûr de la pression pour cela. Il faut monter à 100%, emmener les chevaux à 100%, il faut un peu de chance, que tout soit au point et que tous les clignotants soient au vert.
Peux-tu décrire le déroulement des concours?
Ça commence par les qualifications de l'épreuve individuelle, où trente concurrents accèdent à la finale. Ensuite, il y a la première manche de la "Coupe des nations", la compétition par équipes, qui qualifie pour une finale où sont distribuées les médailles. Il y a quatre jours de compétition, deux pour l'individuel, deux pour le par équipes. Entre l'individuel et le par équipes, la composition de l'équipe peut changer. Pour l'instant, nous sommes quatre : Pénélope Leprévost, Nicolas Delmotte, Simon Delestre et moi.
Les chevaux s'adaptent bien plus facilement que nous
Il y a une donnée majeure, c'est la chaleur importante au Japon à cette période. Cela doit changer de la Normandie. Comment faire pour habituer les chevaux ?
Je pense que les chevaux s'adaptent bien plus facilement que nous. Mon cheval est assez dur, cela ne m'inquiète pas du tout. On verra, nos montures s'habituent normalement assez bien à la chaleur. En tout cas, pour moi comme pour Quel Filou 13, c'est notre première visite dans ce pays. Tout est au point pour nous à Tokyo, tout est vraiment fait pour que ça se passe bien.
Quelles sont ses principales qualités ?
C'est un cheval qui a beaucoup de moyens, qui est très respectueux, il est très dur à l'effort. Il est très puissant. Ce sont ses qualités principales. Il peut sauter toute la semaine, tous les jours, et il ne fatigue pas. Il est particulièrement endurant. Il peut être un peu nerveux, mais il reste très facile à gérer. Dur, cela veut dire qu'il ne baisse pas de pied. C'est pour cela que la chaleur ne me fait pas peur pour lui.
L'esprit d'équipe est-il important en saut d'obstacles ?
Oui. Cela joue. Plus l'ambiance est bonne plus ça va. C’est un peu comme partout. Nous nous connaissons bien, nous nous entendons tous très bien, il n'y a aucun problème. Je connais bien Pénélope, normande comme moi, je la vois régulièrement, nous nous entraînons ensemble. Je connais aussi Nicolas Delmotte depuis bien longtemps ; je m'entends très bien avec lui également. Quant à Simon Delestre, son père était entraîneur quand j'ai été champion d'Europe. On se fréquente régulièrement en concours.
As-tu des héros olympiques ?
Je suis fan de Rafael Nadal qui a gagné les Jeux en 2008, de Michael Phelps qui est revenu avec tout plein de médailles, il y a énormément de choses. J'adore un peu tous les sports. J'aime aussi le 10.000 m. Il y a tellement d'actions passionnantes, et pouvoir y être, c'est quelque chose d'incroyable. J'aurais aimé aller voir Nadal, mais il ne vient pas (3). Mais bien sûr il y a Teddy Riner !
- La famille Garreau a connu une belle réussite en fondant la chaine de boulangerie « L’Atelier des Pains ». Pascal, le père dispute des courses des courses hippiques en amateur tandis que sa femme et son fils Benjamin se passionnent pour les concours équestres.
- Pénélope Leprévost, Kevin Staut, Philippe Rozier et Roger-Yves Bost.
- Rafael Nadal a déclaré forfait pour Wimbledon et les Jeux Olympiques après sa finale perdue à Roland Garros.
Concours complet : Cette fois, c’est le bronze !