C'était un truc de dingue

Léon Marchand a marqué l’histoire de son sport, ce mercredi 31 juillet, en remportant coup sur coup les finales olympiques du 200m papillon et du 200m brasse. Notre nageur français est revenu, face à la presse, sur cette soirée d’anthologie.

Est-ce que vous réalisez ce que vous venez d’accomplir ce soir ?

«Pas du tout. Déjà, je ne réalise pas le 400 mètres 4 nages du premier jour. Je ne sais pas quoi dire. C'était une dinguerie. C'était assez fou, déjà, d'avoir la chance d'être en finale des deux courses. Et puis j'ai kiffé. C'était énorme. Le 200 m papillon, c'était une rivalité de dingue. Je fais vraiment une très belle stratégie de course. J'arrive à rester assez proche du favori et j'arrive à l'avoir vraiment dans les derniers mètres, avec une piscine qui était en feu. C'était assez dingue de vivre ça en tant que nageur français. Je suis trop content».

Est-ce que vous avez paniqué sur le 200m papillon lorsque Kristóf Milák était devant ?

«Je savais très bien qu'il avait plus de vitesse que moi. Je savais qu'il allait partir très vite. Il nage 49’’50 au 100m papillon. Je voulais juste rester pas trop loin aux 150 mètres. Après, j'ai envoyé une grosse coulée. J'ai essayé vraiment de faire mon travail sous l'eau. J'ai eu les frissons pendant toute la course. A la fin, j’essaye vraiment de ne plus respirer, de toucher le mur le plus rapidement possible. Et après, je vois que je suis premier. C'était une émotion assez dingue».

© CNOSF/KMSP

À quoi peut-on rêver après une telle soirée ?

«Ça va commencer à être compliqué. J'ai réalisé beaucoup de rêves depuis le début des Jeux Olympiques. Faire ce doublé, c'était quelque chose dont je me sentais capable, mais le faire vraiment, en grandeur nature, c'est autre chose. C’était beaucoup de rêve, mais maintenant, il va falloir que je réalise tout ça, que je profite de chaque moment. Et surtout, que je me reconcentre pour les prochaines épreuves».

Bob Bowman, votre entraîneur, nous a expliqué qu’il avait douté sur la possibilité de ce doublé. Est-ce que vous avez douté vous aussi ?

«J'ai beaucoup douté. Parce que tout le monde me disait que ce n'était pas possible, donc j'ai beaucoup douté. Surtout après les Championnats de France où je me suis dit que ce n’était pas facile. Après le 400m quatre nages, dimanche, Bob m'a dit : ‘Bon, allez, on le fait’. Ça m'a fait plaisir, ça m'a donné la confiance qui me manquait, je pense. On a fait un super taf depuis le début. Je pense qu’on le prépare depuis le début, mais on a eu des doutes sur ma capacité à le faire».

Deux Marseillaise en à peine plus d'une heure, est-ce que c’était un truc de dingue ?

«Effectivement, c’était un truc de dingue. La première, malheureusement, je n'ai pas pu profiter au maximum. Parce qu'il ne fallait pas que je perde trop d'énergie. Mais c'était un truc de fou, parce que le public, à chaque fois, est présent. J'ai partagé des moments incroyables avec eux. C’était vraiment».

L’œil de Bob Bowman, l’entraîneur de Léon Marchand :

Bob Bowman (entraîneur de Léon Marchand aux États-Unis) : «Ce doublé, ça montre le travail incroyable qu’il effectue depuis des années. La manière dont il a géré les événements, c’était vraiment quelque chose de phénoménal. Je suis tellement fier de lui. Je ne sais pas si c’est la meilleure performance que j’ai pu voir dans ma carrière, mais c’est très haut placé. C'était non seulement un défi pour lui, mais aussi un énorme défi pour moi. Le relever, le voir accomplir ses rêves est absolument satisfaisant. L'aider à aller à la rencontre de ce moment, c'est fou».