Le prince Léo
Mercredi 31 juillet 2024 : une date définitivement historique pour le triathlon français puisque Léo Bergère est venu ajouter du bronze à l’or de Cassandre Beaugrand un peu plus tôt en matinée.
Jusqu’à ce mercredi matin, le triathlon français courrait toujours après sa première médaille individuelle dans un sport apparu au programme olympique en l’an 2000, à Sydney. Une anomalie certaine pour un team France qui brille fort par ailleurs dans la discipline… mais un manque magistralement comblé en l’espace de quelques heures puisque, à peine trois heures après le sacre de Cassandre Beaugrand, Léo Bergère, 28 ans, est venu y ajouter du bronze dans l’épreuve masculine.
Il faut dire qu’avec Léo (champion du monde 2022 de la distance) mais aussi Dorian Coninx (champion du monde 2023) et Pierre Le Corre (champion du monde longue distance 2022), la France ne manquait pas d’atouts à abattre dans ces JO. Cette force collective s’est retrouvée tout au long de la course, où le trio n’a jamais quitté les avant-postes, que ce soit en natation ou en cyclisme. Dans une épreuve qui ne s’est décantée qu’une fois venu le temps de la course à pied, alors qu’ils étaient encore 32 dans le peloton de tête, on a à cet instant eu l’assurance qu’un de nos Bleus jouerait, sauf catastrophe, le podium. En effet, si Dorian Coninx (27e au final) s’est avéré trop juste – on se souvient de sa vilaine chute à vélo en mai dernier à Yokohama, opération au poignet à la clé à deux mois des Jeux –, Bergère et Le Corre en revanche ont pris en main et bientôt réduit à peau de chagrin le groupe lancé à la poursuite du Néo-Zélandais Hayden Wilde et du Britannique Alex Yee, partis seuls sitôt le vélo remisé.
« Pendant la course, on s’est dit avec Pierre qu’il valait mieux qu’on travaille ensemble »
Deux échappés devant, deux Français derrière : « A ce moment-là de la course, on s’est dit avec Pierre qu’il valait mieux qu’on travaille ensemble, en prenant des relais et qu’on fasse ainsi troisième et quatrième, peu importe l’ordre, relatait Bergère après avoir coupé la ligne d’arrivée. Cela reste un sport individuel même si on a montré que le travail d’équipe pouvait avoir du bon ! » « Avec Léo, on a joué collectif, renchérissait Pierre. On s'est dit : il vaut mieux jouer la médaille, si l'un de nous doit faire quatrième, tant pis, il ira en chercher une sur le relais ! »
Et des deux Français ainsi en lice, mais aussi en concurrence, pour le podium, c’est Léo Bergère qui finit par prendre l’ascendant, lâchant son coéquipier en Équipe de France dans le dernier des trois tours. On put même croire un temps à la remontée fantastique du tricolore sur la tête de course, mais Yee, longtemps deuxième, finit très fort pour l’emporter tandis que l’ancien leader Wilde, s’il craquait un brin dans la dernière ligne droite, possédait un matelas d’avance trop confortable – et ce même si Bergère lui reprenait 20 de ses 30 secondes de débours entre le passage à la cloche et la ligne d’arrivée ! « C’est vrai que dans le dernier tour j’ai mis les bouchées doubles, au départ plutôt parce que ça revenait derrière, et puis j’ai cru revenir sur la deuxième place à un moment », réagissait celui qui a apporté à l’Équipe de France sa 20e médaille dans ces Jeux à la maison. Sans aucun regret quant à la couleur du métal : « Je suis très heureux avec ce bronze. Une médaille olympique, c’est un rêve depuis que j’ai commencé le triathlon. »
©CNOSF/KMSP
Un rêve partagé avec l’ensemble du triathlon français, qui vit un rêve éveillé grâce à ces deux médailles en autant de courses. « C'est bien pour le triathlon français, on a un collectif super fort avec des champions du monde de partout, confirme Pierre Le Corre. Je suis content pour Léo, content de ma quatrième place et content de notre super belle course. » Et si c’en est fini pour ce mercredi, il n’en va pas de même pour les Jeux : Beaugrand première et Emma Lombardi quatrième chez les filles, Bergère troisième et Le Corre quatrième chez les hommes… Vous voyez où on veut en venir pour le relais lundi !