Héroïques

Battues sur le fil après avoir défié les USA jusqu’à l’ultime seconde, nos basketteuses ont offert à la France sa 64^e et dernière médaille dans ces Jeux de tous les records pour notre Équipe !

 

Opposées, comme leurs homologues masculins la veille, aux États-Unis en finale du basket, nos Françaises se sont elles aussi inclinées face aux stars venues d’outre-Atlantique (66-67). Mais elles n’ont pas à rougir : jamais l’écart n’avait été si minime entre la sélection victorieuse des huit dernières éditions des Jeux Olympiques et notre team France qui, olympiade après olympiade, se rapproche…

 

A quoi ça tient… Une poignée de centimètres, l’équivalent d’une pointure de chaussure ? Soit la distance qui a transformé la tentative au buzzer de Gabby Williams d’un panier primé à trois points, envoyant les Françaises en prolongation, en simple panier à deux points synonyme de défaite en finale des Jeux Olympiques (66-67). Mais qu’elles ont été belles, nos Françaises ! Car qu’on ne s’y trompe pas : si les noms de Diana Taurasi, A’ja Wilson ou Breanna Stewart vous parlent forcément moins que ceux de LeBron James, Stephen Curry ou Kevin Durant, le team USA féminin n’a rien à envier à son homologue masculin. Leur mainmise sur le basket de sélections est même encore plus tyrannique puisque les Américaines n’ont plus perdu en compétition internationale depuis 2006, et aux Jeux Olympiques depuis Barcelone, en 1992 !

 

C’est dire la portée de ce que les joueuses de Jean-Aimé Toupane ont réalisé dans cette finale où elles ont poussé leurs adversaires dans leurs ultimes retranchements. D’emblée, elles ont donné le ton avec une rigueur défensive extrême et un engagement total au rebond, agressant des Américaines cueillies à froid. Et si nos Françaises sont menées 9-15 en fin de premier quart-temps, c’est bien parce que team USA engrange la moitié de ses points (7) sur la ligne de lancers francs. Le deuxième quart-temps confirme cette difficulté des Américaines à scorer face à l’intensité défensive de nos Bleues (quelles présences de Marième Badiane et Valériane Ayayi), tandis que ces dernières finissent par recoller sur un trois points au buzzer depuis le logo de Marine Fauthoux (23-23). La première moitié du match nous laisse dos à dos (25-25) mais la fébrilité est clairement américaine, elles qui sont arrivées en finale de ces Jeux avec un différentiel moyen de +18 points sur leurs adversaires.

 

 Moi-même j’ai pensé que c’était un panier à trois points mais Gabby me dit tout de suite que non, elle a mordu... 

 

A la reprise, c’est le festival. Un nouveau trois points insolent de Marine Fauthoux, deux shoots de Valériane Ayayi et deux lancers francs de Marieme Badiane : on ne rêve pas, c’est un 10-0 et donc un +10 pour les Françaises ! Mais que ce niveau d’exigence est difficile à maintenir, en particulier dans le duel physique. Insensiblement, les Américaines grignotent leur retard et reprennent les commandes, même si Marine Johannès, à trois points encore, maintient la France à portée de tir en fin de quart-temps (43-45).

 

On y a cru, on y a cru jusqu'au bout

Le dernier acte est affaire de sang-froid sur la ligne des lancers francs. Les deux équipes ne se lâchent guère : 45-45, 47-47, 49-49, 51-51, 53-53, 55-55… Mais A’ja Wilson force la décision sur un panier qui, bien qu’il reste encore plus de trois minutes à jouer, va peser lourd (55-58). Les Américaines ont (re)pris la main et ne la lâchent plus. Nos Françaises sont toujours là, juste derrière, mais… derrière. Breanna Stewart et ses partenaires ne relâchent plus l’étreinte. La dernière possession du match est française mais il faut impérativement marquer à trois points (64-67) et il ne reste que quatre secondes pour y parvenir. Marine Johannès trouve la patronne tricolore, Gabby Williams (19 points et 7 rebonds encore ce dimanche), qui, en reprise d’appuis, arme un shoot instantané et marque malgré le pressing de Breanna Stewart. On croit un instant à la prolongation, mais l’arbitre éteint tout espoir en annonçant deux points, et non les trois nécessaires : les orteils de Gabby étaient posés sur la ligne… A quoi ça tient, vraiment, oui. « Moi-même j’ai pensé que c’était un panier à trois points mais Gabby me dit tout de suite que non, elle a mordu, revit Jean-Aimé Toupane. On y a cru, on y a cru jusqu’au bout et les filles ont fait un travail remarquable tout le long du match – et d’ailleurs tout le long de la compétition. C’est dommage pour tout le monde que ça finisse comme ça, pour le sport français, pour nous et tout particulièrement pour les filles. »

 

C’est évidemment, sur le moment, un crève-cœur pour nos Françaises, mais elles pourront construire dessus. Surclassées de 36 points en finale à Londres il y a douze ans, à l’époque des « Braqueuses » de Céline Dumerc (50-86), elles n’étaient plus qu’à 11 points à Tokyo (82-93). Et encore trois ans plus tard, à dix centimètres… C’est peu dire que nos Bleues y croiront à Los Angeles. Et que les Américaines, plus que jamais, auront des raisons de les craindre.