Kevin Aymoz (patinage artistique) : « un sport qui me permet de libérer mon coeur! »

Olivier Brajon / Patinage Magazine

Après s’être essayé au hockey-sur-glace, le Grenoblois Kevin Aymoz, 24 ans, s’est passionné pour le patinage artistique. Quadruple champion de France, il est de retour chez lui à l’occasion des Internationaux de France les 19 et 20 novembre, sur la route d’une première participation espérée aux Jeux de Pékin en février prochain…

 

Comment as-tu découvert le patinage artistique ?

Originaire de Grenoble, j'ai la chance d’avoir des parents qui aiment beaucoup le hockey-sur-glace. Donc, très petit, ils m’emmenaient à la patinoire pour voir des matches. Et très vite, quand j’ai su parler, je leur ai dit que je voulais faire de la « patinoire ». C’était le seul mot que je connaissais. Eux, ils étaient ravis et ils se sont dit que j’allais devenir hockeyeur. Mais finalement, ça n’a pas matché du tout. J’ai fait quelques cours mais très vite, les entraîneurs ont dit à mes parents que ce n’était pas pour moi. J’étais très jeune, je devais avoir quatre ou cinq ans. En fait, j’avais vu à travers la vitre qui séparait les deux patinoires, l’endroit où s’entraînaient les patineurs artistiques et je suis tombé amoureux de ce sport. Avec mes mots, j’ai dit à mes parents que je voulais faire le « hockey des filles ». Ils ont dit « Ok, c’est du sport ». Et je n’ai pas arrêté depuis.

 

Tu as débuté à Grenoble, la ville olympique, de 1968, qui vit briller notamment Peggy Fleming. Tu en as conscience ?

Comme Grenoble a été une ville olympique, j’en ai toujours entendu parler. L’esprit olympique m’anime depuis que je suis tout petit.

Mes premiers souvenirs remontent à Salt Lake City à la télé, je devais avoir cinq ans. Mon père s’y était intéressé parce qu’il y avait l’équipe de France de hockey (1). Ensuite j’ai suivi Vancouver, Turin. Je me souviens que des patineurs étaient venus se préparer à Grenoble pour les Jeux de Turin parce que ce n’est pas loin.

 

Tes parents ont-ils fait du sport ou étaient-ils surtout des fans de hockey?

Mon père était assez sportif mais ma mère pas trop. Non, ils aiment bien aller voir les matches de hockey. Je suis un peu le cas à part mais je sais que j’ai une lointaine cousine qui a fait du ski alpin. J’ai un frère qui est mécano et une petite sœur qui a fait du patinage mais qui a vite arrêté.

 

Quand on est ado on a tous des soucis et ces moments sur glace me permettaient de me libérer à fond.

 

Toi, tu as persévéré jusqu’au plus haut niveau national. C’est un sport très exigeant…

Oui mais c’est très vite devenu une grande passion. Ce que j’aime, c’est cette sensation de liberté. Le fait de pouvoir glisser sur de l’eau gelée. C’est une sensation incroyable. C’est à la fois un sport tellement technique qui demande énormément de rigueur et à la fois un sport qui me permet de libérer mon cœur sur glace. Quand on est ado on a tous des soucis et ces moments sur glace me permettaient de me libérer à fond. Je dis merci au patinage artistique.

 

C’est aussi un sport où il faut se libérer de l’attraction terrestre en sautant de plus en plus haut avec des figures de plus en plus difficiles.

La magie de ce sport, c’est d’allier le côté technique à la partie artistique avec harmonie. C’est sûr que lorsque l’on fait quatre rotations dans l’air c’est une sensation incroyable. Idem pour une pirouette à pleine vitesse.

 

Pressesports Kevin Aymoz

Raniero Corbelletti/AFLO/PRESSE SPORTS

 

Dans le cadre de ta progression, tu as décidé de partir aux Etats-Unis pour t’entraîner, c’est ça ?

Je suis parti aux Etats-Unis il y a quatre ans maintenant. En France, j’étais un peu perdu. Je n’avais plus trop de coaches autour de moi qui pouvaient continuer l’aventure avec moi que ce soit à Grenoble ou à Annecy. Je ne me retrouvais pas. J’étais un « sans patinoire fixe». Et puis j’ai eu la chance de rencontrer des coaches américains qui m’ont proposé un stage de deux semaines. Et là, il y a eu une connexion tellement forte qu’il y a eu une voix intérieure qui m’a dit qu’il fallait que je reste là-bas. Et c’est ça qui m’a permis d’approcher le Top 5 mondial.

 

Une connexion humaine s’est faite avec ma coach Silvia Fontana

 

Qui sont ceux qui t’entraînent là-bas ?

Alors il y a une patineuse : Silvia Fontana, aujourd’hui américaine mais qui a représenté l’Italie aux Jeux de Salt Lake et de Turin (2) avec qui je travaille et avec qui j’ai préparé cette échéance olympique et son mari John Zimmermann. Et j’ai aussi mes coaches en France qui sont Françoise Bonnard et Véronique Cartau avec qui je travaille encore. On est vraiment une équipe. Elles m’ont amené le plus haut possible. Elles m’ont fait naître mais celle qui m’a vraiment fait décoller c’est Silvia Fontana.

 

Comment expliques-tu ce déclic ?

Il y a eu une connexion humaine qui s’est faite. On se comprenait sans se parler. On savait où on voulait aller que ce soit sur la glace ou en dehors. Ella a joué son rôle de coach à fond. Elle n’était pas là que sur la glace mais elle a su aussi m’écouter en dehors de la patinoire. Grâce à cette écoute mutuelle, on a pu progresser.

 

Quelles sont les qualités de Silvia ?

Elle a un œil pour la glace. Elle sait ce qui plaît au public et aux juges, que ce soit sur un plan technique ou artistique. J’ai parfaitement confiance en mes coaches.

 

Comment communiquez-vous ?

Silvia parle un peu français mais c’est surtout en anglais. Après quatre ans, je parle couramment anglais, ce qui était loin d’être le cas quand je suis arrivé.

 

Où se trouve ta base d’entraînement ?

C’est en Floride, à Tampa. Et oui, il y a des patinoires en Floride. Il y a des installations idéales avec deux grandes patinoires, l’une pour le hockey et l’autre pour l’artistique. Et puis, il y a mon club de Grenoble quand je reviens en France.

 

Et quels sont tes autres centres d’intérêt en dehors du patinage ?

Et bien, j’ai une vie normale. J’ai une famille, des amis, un chéri. Tout va bien.

 

Et les études ?

Je n’étais pas trop friand d’études mais avec le confinement, je me suis dit «Kevin, il faut que tu t’y remettes ». Alors, j’ai passé le bac et aujourd’hui, je prépare le D.E, le diplôme d’Etat d’entraîneur.  

 

 

 

  1. L’équipe de France avec Cristobal Huet et Philippe Bozon notamment avait terminé 14e et dernière du tournoi olympique.
  2. Silvia Fontana, 10e aux Jeux de Salt Lake City 2002 avait tenté un come-back à Turin 2006 où elle avait fini 22e.

 

 

 

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