FOJE d’hiver de Bakuriani, J1 : des débuts en fanfare

Une première Marseillaise, pour Lisa-Victoria Ngo Mouaha en short-track, mais aussi deux médailles d’argent en biathlon (Nans Madelenat, Juliette Oliva) et du bronze en short-track (Elio Calanca) : l’Équipe de France a parfaitement lancé son FOJE d’hiver de Bakuriani. 

Short-track :  Lisa-Victoria Ngo Mouaha, bon sang ne saurait mentir

« Je suis fière de ramener moi aussi ma médaille, je lui montre que la relève est là. Il m’a appelé plusieurs fois, m’a motivé grave, c’est cool. » La glace coule dans ses veines. D’abord parce que le short-track est affaire de famille pour Lisa-Victoria Ngo Mouaha, sœur cadette de Franck Tekam, médaillé de bronze au FOJE (sur 1000 m) il y a deux ans. Ensuite parce que l’adolescente de 16 ans a gardé son sang-froid au moment où la finale du 1500 m à Bakuriani s’est décantée… et aurait pu lui échapper, la sociétaire de l’US Orléans Sports de glace se retrouvant un brin enfermée dans le paquet à la mi-course. Patiente, elle a guetté l’ouverture… et s’est jetée dedans lorsqu’elle s’est présentée à trois tours de la fin, jaillissant à l’intérieur pour bondir de cinquième à troisième, puis deuxième et finalement première en moins de temps qu’il n’en faut pour le retranscrire. Elle a même eu le temps de lever les bras en coupant la ligne en tant que gagnante du FOJE, une demi-seconde devant la Polonaise Daria Daszuta (2’42’’123 contre 2’42’’562) !

« Le début de la finale était un peu lent, il y avait beaucoup de stratégie de la part de nous toutes, revit sobrement la championne. Et puis à trois tours de la fin, quand les autres concurrentes ont fait quelques erreurs, je me suis faufilée, j’ai donné beaucoup d’énergie pour ressortir du paquet et finir première. » Le secret de son détachement, y compris après la plus grande victoire de son jeune parcours ? Peut-être réside t-il dans le fait de considérer que « le 1500 m n’est pas ma distance de prédilection ! Disons que j’étais dans le lot des prétendantes à la victoire, mais moi, le 1500 m… Soit ça attend les deux, trois derniers tours pour partir et c’est à mon avantage, soit je suis finie (rires) ! Mais c’est bien, ça montre que je suis là aussi sur une autre distance. » Parce qu’on le comprendra aisément en l’écoutant expliquer sa manière d’appréhender un 1500 m, son objectif prioritaire à Bakuriani était bien le 500 m, à suivre dès mardi. Et là… « ça, c’est ma course. Vous devriez encore m’y voir dans les premières positions », annonce t-elle.

Cette finale du 1500 m aurait dû se disputer avec une seconde Française à l’affiche mais, initialement qualifiée au temps pour la grande explication, Isra Gharsallaoui a écopé d’une pénalité pour un changement de trajectoire, la faisant rétrograder dernière d’une demi-finale bouclée en troisième position sur la piste.

Elio Calanca, un Français peut en cacher un autre

Dans la finale masculine, disputée dans la foulée, Nathan Muller était à la lutte pour le titre, occupant la tête de course depuis plusieurs tours déjà, quand il a chuté à deux tours de l’arrivée, laissant le Néerlandais Jesper Schmitz s’envoler vers le titre (2’27’’560), suivi de l’Italien Filippo Pezzoni (2’27’’753). Fin des espoirs français avec cette chute ? Non ! Un Français pouvant en cacher un autre, Elio Calanca, jusque-là plus en retrait des débats dans cette finale, a alors surgi pour aller arracher la médaille de bronze dans le dernier tour (2’27’’827). « Cela a été compliqué de se placer au début de la finale mais j’ai pu me rattraper à la fin, réagissait-il. L’avantage quand on est derrière, c’est qu’on voit les petites erreurs devant. J’ai avisé ‘‘là je ne peux pas passer, là oui j’y vais...’’ » Et de tenir son objectif de médaille individuelle dans ce FOJE dès la première épreuve. « Je savais que j’avais une chance de médaille, après de là à la convertir sur la piste... c’est autre chose. » En bonus, ce quatuor tricolore s’est aisément qualifié pour les demi-finales d’un relais mixte 2000 m sur lequel nos Bleus sont logiquement amenés à avoir de grosses ambitions.

 

Biathlon : Nans Madelenat et Juliette Oliva, double ration d’argent

Le suspense est resté à son comble jusqu’à la fin. Nans Madelenat avait bouclé son 12,5 km individuel en 35’23’’5, une minute de mieux que son plus proche poursuivant, l’Italien Rafael Santer. Restait le mano a mano livré à distance avec Grzegorz Galica. Au pointage des 10 km, après le dernier tir debout, le Français du Club de ski nordique de Villard-de-Lans avait quatre secondes d’avance. Un kilomètre plus tard, le Polonais passait devant pour deux secondes… avant de couper la ligne avec 15 secondes de marge sur le tricolore. Pas de quoi rougir pour Nans Madelenat, qui aura fait jeu égal avec celui qui venait déjà de rafler trois titres aux championnats d’Europe juniors : « On s’en doutait, c’était ‘‘le’’ gros concurrent de la liste, rapide sur les skis et solide au tir, juge t-il. Moi, c’était ma première course internationale, et je remporte ma première médaille. Je l’espérais mais c’était loin d’être sûr, donc c’est très plaisant de la concrétiser. »D’autant plus plaisant qu’il a pris du plaisir dans sa grosse demi-heure d’efforts, ponctuée de deux échecs seulement sur l’ensemble des quatre passages au tir : « Je suis très satisfait de mon tir aujourd’hui, je n’avais jamais atteint un score pareil. Autant dire que je le sors au bon moment ! Derrière ça a débloqué beaucoup de choses parce que mon début de course sur les skis n’était pas très facile mais je me suis senti de mieux en mieux. »

Deux autres Français ont intégré le top 10 sur cette piste que le médaillé d’argent du jour qualifie « d’assez joueuse, avec beaucoup de virages, pas forcément très technique mais sur laquelle il faut se battre tout le temps » : Esteban Moreiratermine 6^e (36’46’’5), Émile Perrillat-Bottonet est 9^e (37’55’’7). Émile Weiss, le quatrième tricolore, est 25^e (40’46’’0).

« Avec seulement 17 filles qui avaient fini, je pensais que j’allais forcément descendre... »

Chez les filles aussi, Juliette Oliva a fini très fort. Encore 15^e à mi-parcours du 10 km, la biathlète du Ski club Sallanches tête noire n’a commis qu’une seule erreur lors de ses deux derniers passages au tir (contre trois sur les deux premiers), tandis qu’elle ne fléchissait pas sur les skis, malgré « un parcours hyper dur, décrit-elle. La piste ne laisse aucun temps de repos, même les descentes sont dures à encaisser. » Mais elle n’est pas celle dont les jambes auront le plus brûlé dans les derniers hectomètres. Loin de là, même, puisque seule la Slovaque Michaela Strakova aura à l’arrivée fait mieux qu’elle (31’53’’3)… Quant à la Suissesse Giannina Piller, qui comptait 30 secondes d’avance sur les temps de passage de Juliette aux 8 km, elle terminait finalement l’épreuve en débours de quatre secondes sur la tricolore (33’47’’3 contre 33’43’’1)... à la grande surprise de cette dernière. « Au début je ne comprends pas trop ce qui m’arrive, narre t-elle. Je me vois deuxième à l’arrivée, oui, mais avec seulement 17 filles qui avaient fini, donc je pensais que j’allais forcément descendre. Je suis partie me changer puis Claire (Breton, la manager du groupe biathlon, ndlr) est venue me demander mon dossard et c’est là qu’elle m’a dit que j’étais restée deuxième. Je suis super contente. J’étais très stressée ce matin : même si je ne me projetais pas sur un résultat, j’avais envie de faire de belles courses ici. Cette médaille, c’est un aboutissement de toute la préparation effectuée cet été. »

Là aussi, toutes les Françaises étaient dans le coup puisque Rosalie Odile prend la 6^e place (34’23’’2), Maëlle Achaoui la 9^e (34’31’’8) et Romane Ouvrier-Buffet la 14^e (35’11’’2).

Ski alpin : les Bleus placés dans le Top 10

L’épreuve du slalom géant masculin a vu un tir groupé des Français dans le Top 10. Placé à l’issue de la première manche (4^e, à 43’’ de la tête occupée par le Norvégien Elias Hartford Kvael), Victor Haghighat est resté meilleur tricolore à l’issue des deux manches, terminant au final 7^e en 1’39’’88, à 2’’17 du vainqueur, le Britannique Freddy Carrick Smith. Septième de la seconde manche, Damien Fink en profite pour grappiller quatre places et terminer neuvième (1’39’’95) ; Thibault Noraz remonte de deux places et sécurise le Top 10, juste devant Alexandre Galy, 11^e de chaque manche comme du classement final (1’40’’13).

Ski freestyle : un trio en finale

Les qualifications du slopestyle étaient au programme ce lundi et Honey Smith (6^e, meilleur run noté 60.00), Alexia Morice (8^e, meilleur run à 48.00), ainsi que Timothé Roch (6^e, second run noté 82.75) verront la finale mercredi, tandis que Victor Raisson n’est pas parvenu à s’immiscer dans le Top 12 (17^e, premier run noté 60.75).