Hugo Lapalus (ski de fond) : «Le relais c’est vraiment pour ça qu’on va aux Jeux ! »
Après un début de saison prometteur, le Haut-Savoyard Hugo Lapalus, 23 ans, rêve de pouvoir participer à ses premiers Jeux Olympiques avec le relais français, troisième des derniers championnats du monde à Oberstdorf. Il évoque ici son parcours, la beauté de son sport et le plaisir de tout donner pour l’Equipe de France…
Peux-tu nous dire d’où tu viens?
Je suis originaire de Manigod en Haute-Savoie. Je suis licencié au club de La Clusaz. Je fais du ski de fond depuis douze ans et cela fait cinq ans que je suis en équipe de France.
Et pourquoi avoir préféré le ski de fond au ski alpin ?
J’ai essayé le ski alpin mais cela ne m’a pas trop souri. J’ai ensuite essayé le ski de fond pour le plaisir et j’ai immédiatement accroché à l’ambiance et à l’état d’esprit. Aujourd’hui, j’en fais à un haut niveau et c’est vrai que je suis vraiment passionné.
Y-a-t-il des entraîneurs ou des formateurs qui ont contribué à cette passion ?
On a de très bons coaches au club de La Clusaz (1). Ils ont réussi à sortir Jules Chappaz qui est en équipe de France, Théo Schely ou Gérard Agnellet. Ils sont vraiment très motivants.
Tu ne m’as pas cité la légende du club de La Clusaz : Vincent Vittoz, champion du monde en 2005 ?
Oui, bien sûr, c’est aussi lui qui nous a donné envie de faire du ski. Il y a aussi son frère Stéphane qui est le directeur du club des sports. Vincent, on le voit moins souvent, maintenant qu’il habite dans le Vercors, mais son titre à Oberstdorf, ça a été énorme. J’étais tout jeune, j’avais à peine sept ans.
Le ski de fond n’est pas un sport très regardé mais le succès du biathlon nous fait un bien fou
A l’époque, le ski de fond n’était pas trop à la mode. Aujourd’hui, c’est un peu différent avec le développement de tous les sports d’endurance ?
Oui, certainement. Le ski de fond n’est pas un sport très regardé mais le succès du biathlon nous fait un bien fou, il faut l’avouer. On essaie d’en profiter et j’espère qu’il va devenir aussi intéressant à regarder que le biathlon et que le public sera amusé de suivre ce sport d’un peu plus près.
En ski de fond, il y a pas mal de spécialités : style classique, skating, sprint. Qu’est-ce que tu préfères ?
Ma spécialité, c’est la distance, c’est-à-dire les courses de 10, 15, 30 kilomètres. C’est là où je m’exprime le mieux et peu importe le style que ce soit en classique ou en skate (2). Ce sont mes objectifs de l’hiver. Aujourd’hui, les skieurs sont beaucoup plus polyvalents qu’à l’époque de Vincent Vittoz. Pour ma part, je n’ai aucun problème avec les deux techniques.
Crédit photo: Agence Zoom
Qu’est ce qui est plus important dans ton sport ? La technique ou l’endurance : « la caisse » ?
Je dirais que c’est du 50-50. La technique a vraiment une part très importante dans ce sport. L’endurance, le travail de fond est aussi déterminant. On a la chance de pouvoir alterner tout l’été en travaillant aussi bien en ski-roues classique et en ski-roues skating. C’est aussi sympa de pouvoir varier les plaisirs en termes d’entraînement.
Tu viens d’une famille sportive ?
Non, pas plus que ça. Les parents nous emmenaient nous balader. Quand tu nais au pied des pistes, forcément tu mets les skis très tôt. Ensuite, si tu aimes ça, tu passes tes journées sur les pistes, tu vas te balader l’été. Tu deviens un montagnard. J’ai une petite sœur qui était aussi au club des sports et qui faisait du ski alpin mais elle a arrêté.
J’aimerais assez me reconvertir comme entraîneur ou même comme technicien. Ca pourrait être cool.
Et en dehors du sport, tu as d’autres activités ? Un métier ?
Non, le ski ne m’en laisse pas trop la possibilité. Je me consacre à 100 % à ma carrière. J’ai envie de faire les choses le mieux possible pour performer le plus longtemps possible. Quand on a la chance de faire un sport comme ça, on peut se permettre d’attendre avant de se décider. Moi, j’ai ma petite idée. J’aimerais assez me reconvertir comme entraîneur ou même comme technicien. Ca pourrait être cool.
Tu as obtenu une belle médaille en relais lors des Mondiaux 2021. Cette réussite en relais est presque une tradition française. Comment l’expliques-tu ?
Le relais c’est vraiment pour ça qu’on va aux Mondiaux ou aux Jeux. C’est vraiment quelque chose de super important pour nous. On cultive cette tradition par notre esprit d’équipe. On est vraiment soudés les uns aux autres. On sait qu’il n’y a que quatre places dans un relais mais beaucoup de monde peut y prétendre. Ce qui est bien, c’est qu’on peut compter sur tout le monde. On s’appuie les uns sur les autres. Il y a vraiment un supplément d’âme quand on court en relais.
Cette médaille de bronze, c’est ton meilleur souvenir sportif jusque-là ?
Oui, clairement. C’était la toute première fois que je courais avec l’équipe de France que ce soit en Coupe du monde ou aux championnats du monde. C’est quelque chose d’incroyable. Quand tu es tout seul, le sentiment est complètement différent. Là tu partages ça avec tes coéquipiers, ceux avec qui tu travailles toute l’année et qui sont aussi tes copains. Tu partages ça avec le staff. Les sensations sont incroyables.
J’imagine que tu te souviens de cette course. Tu étais parti en première position en style classique…(3)
Oui, c’est ça. C’est moi qui ai pris le départ. C’est quelque chose que je n’avais fait ni en senior ni en junior. J’ai adoré ce rôle. Ca me convient assez bien. Et c’est vrai que quand on court pour les copains, on arrive à repousser’ la douleur le plus loin possible
Que représentent les Jeux de Pékin pour toi ?
Je pense que pour tout athlète, cela représente un rêve. C’est un rêve d’y être mais aussi d’y performer. C’est sûr que le relais aura toute sa place dans ma tête. Et j’espère pouvoir donner tout mon potentiel.
(1) On peut citer Fabien Fournier et Joël Perrillat, entraîneurs des jeunes ainsi que deux autres espoirs du club membres de l’équipe de France juniors : Simon Chappaz et Julien Thovex.
(2) Le style classique se pratique en pas alternatif dans des rails bien dessinés alors que le skating ou style libre correspond au pas du patineur sur une piste damée.
(3) Lors des Mondiaux d’Obertsdorf en février dernier où la France avait fini troisième, le relais était composé d’Hugo Lapalus et Maurice Manificat en style classique puis de Clément Parisse et Jules Lapierre en skating.
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