Rap-Jeux

par SO

Temps de lecture15 min

Le casting

Le sport et la musique font souvent bon ménage. Et le rap en est certainement l’exemple idéal. Les Bleus ne diront pas le contraire. Pour se détendre ou se galvaniser, certains athlètes de l’Équipe de France passent même derrière le micro depuis quelques années, tout comme les rappeurs et rappeuses se mettent au sport. Échange entre esthètes, qu’ils soient sur piste ou en studio.

 

Earvin Ngapeth (volleyeur) : Médaille d’or aux Jeux olympiques de Tokyo (2020). 3 médailles d’or en World League-Nations League de Rio (2015), Curitiba (2017) et Bologne (2022). Médaille d’or aux Championnats d’Europe d’Italie et de Bulgarie (2015). Rappe sous le nom d’Earvin.

Corentin Moutet (tennisman) : Classé 77e à l’ATP. Vainqueur des tournois Challenger de Brest (2017), Istanbul (2018), Chennai (2019), Lyon (2019 et 2022) et Szczecin (2022). Rappe sous son propre nom.

Timothée Adolphe (athlète paralympique) : Médaille d’argent aux Jeux paralympiques de Tokyo (2020). 6 médailles d’or aux Championnats d’Europe de Swansea (2014), Grosseto (2016) et Berlin (2018). 2 médailles de bronze aux Championnats du monde de Lyon (2013) et Doha (2015). Rappe sous son propre nom.

Pierre Loisel (escrimeur) : Médaille d’argent par équipes aux Championnats d’Europe d’Antalya (2022). Médaille de bronze aux Championnats du monde par équipes du Caire (2022). Rappe sous le nom de Klay.

Davinhor (rappeuse) : Artiste active depuis 2018, autrice d’un album (Indomptable) sorti en 2022. Pratique l’athlétisme.

Georgio (rappeur) : Artiste actif depuis 2011, auteur de cinq albums (Bleu noir, Héra, XX5, Sacré et Années sauvages). A pratiqué le basket-ball.

Médine (rappeur) : Artiste actif depuis 1998, auteur de huit albums. Pratique le CrossFit et la musculation, et préside un club de boxe anglaise dans sa ville du Havre.

Tombé dedans

Corentin Moutet : J’ai découvert le rap au moment où j’entre à l’internat, vers 12 ou 13 ans, à Saint-Raphaël dans le Var. L’éloignement avec la famille faisait que je cherchais une musique capable de me transcender par les paroles, et avec le rap, c’était idéal. Les premiers artistes qui m’ont mis dedans, c’est la Sexion d’Assaut et Booba. J’ai eu un colocataire marseillais qui m’a ensuite amené dans son univers, avec les Psy4, le Rat Luciano. Ma petite fierté, c’est quand même d’avoir fait découvrir Guizmo à mes potes. (Rires.)

Timothée Adolphe : Moi aussi, c’est vers cet âge-là, peu de temps après ma première licence d’athlétisme. C’est vraiment le style de musique qui m’a marqué, avant même mon adolescence. MC Solaar, Sully Sefill, les Psy 4 de la Rime, Sniper, Youssoupha, Ärsenik, ce sont eux qui m’ont plongé dedans. Avec des potes, on a carrément lancé notre propre groupe en 2005, j’avais 16 ans. On faisait même quelques petites salles à Paris ou en banlieue, et on avait envie de faire carrière là-dedans. (Rires.) Mais le projet n’a pas tenu longtemps.

Davinhor : J’ai commencé l’athlétisme à l’âge de 4 ou 5 ans. J’y suis restée pendant plus de 10 ans, et aujourd’hui, c’est mon sport de prédilection. Actuellement, je crois que je détiens encore le record de l’Oise, voire de Picardie, en 50 mètres haies. Si vous tapez mon nom complet sur YouTube, vous trouverez encore des vidéos de mes performances !

Médine : Le sport est devenu important pour moi il n’y a que quelques années, pour tenir des concerts de 1h30 – 2h, avec un cardio hyper haut. Dans les années 2000, je ne m’entretenais pas du tout. Je pesais 113 kilos, je perdais ma voix très rapidement sur scène, mes genoux et mes chevilles devaient morfler. Et je n’avais aucune notion de diététique aussi. Pourtant, mon père a été boxeur professionnel, a intégré l’équipe de France et a même été jusqu’aux championnats d’Europe en boxe amateur, qu’on appelle aujourd’hui boxe olympique. Mais comme on dit, les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés. (Rires.)

Et en fin de compte, la musique ne m’a jamais lâché.

Earvin Ngapeth

© CNOSF – Presse Sports

 

Earvin Ngapeth : J’ai commencé le rap et la musique avant le volley-ball. J’étais un mec du football, je jouais beaucoup, et tous mes potes écoutaient du son. Dans ma ville de Poitiers, il y avait énormément de scènes rap, avec des open mics. On a décidé de se lancer et d’y aller, on y a pris goût, on a monté notre petit groupe, et petit à petit, c’est venu comme ça. Et en fin de compte, la musique ne m’a jamais lâché.

Pierre Loisel : J’ai vraiment commencé la musique par hasard, quand j’étais à Lille avec des potes. On écoute beaucoup de rap, et un jour, on s’est dit : “On écrit un freestyle pour rigoler”, avec quatre, cinq phrases chacun. Au lieu d’écrire quatre, cinq phrases, j’en ai en fait une quinzaine. Et maintenant, ça fait trois ans et demi que je m’y suis mis.

Georgio : Ma mère nous a obligés, avec mon frère, à faire du sport jusqu’à minimum 16 ans. C’était la condition sine qua none pour faire ce qu’on voulait après ; dans mon cas, c’était la musique. Elle nous disait que 16 ans, c’était l’idéal, car c’est généralement vers cet âge-là que notre croissance prend sa forme définitive et qu’on commence aussi à former notre socle social. Donc moi, j’ai fait du basket-ball, et mon frère du football. J’ai arrêté à 16 ans parce que physiquement, les mecs en face, c’étaient des bêtes. Mon frère a par contre poursuivi et est allé jusqu’en D2 belge, à Virton.

Nkruma

Une question d’organisation

Earvin Ngapeth : Je fais généralement du rap sur mes journées de repos, qui me servent à faire du studio, mes clips, et parfois des interviews. Pour ce qui est de l’écriture, c’est tous les jours, le soir chez moi, en déplacement. J’enregistre généralement en France, sauf quand les matchs s’enchaînent beaucoup. Dans ce cas, je fais les prises de voix en Italie. J’ai mis du temps à bien trouver comment gérer ce planning, et aujourd’hui, on est rodés. S’il y a un moment où je sens que je suis fatigué, la journée en studio ou de tournage de clip va sauter.

Corentin Moutet : Moi, c’est un peu pareil. Presque routinier : quand je sors du court, je peux directement filer chez moi pour écrire ou au studio. Évidemment, je fais passer mon planning tennis avant la musique, mais la chance qu’on a avec le sport, c’est que nos emplois du temps sont assez flexibles. Une fois ton entraînement ou ta compétition terminés, tu as quand même beaucoup de temps libre.

Corentin Moutet

© CNOSF – Presse Sports

 

Je voulais absolument reprendre la musique pour ne plus penser aux blessures.

Timothée Adolphe : Après ma présélection pour les Jeux de Londres en 2012, je suis entré dans une période un peu plus compliquée. Je me blessais régulièrement, donc je passais beaucoup de temps en studio pour évacuer, jusqu’à très tard dans la nuit. Mais mon entraîneur trouvait que c’était trop décalé pour un sportif de haut niveau, donc j’ai dû mettre le rap de côté. À Rio, je me déboîte sérieusement l’épaule, donc je ne fais rien, à part écrire justement. Il a alors fallu en parler avec mon coach, car je voulais absolument reprendre la musique pour ne plus penser aux blessures. J’ai réaménagé mes séances d’entraînement. Au lieu d’aller en studio le soir, de 22h à 1h du matin, j’y allais en fin d’après-midi, de 16h à 20h.

Médine : Le sport, c’est quelque chose d’automatique pour moi. Je le mets au même niveau que les besoins primaires. Donc j’organise mes semaines en fonction de la séance de sport. Du lundi au vendredi, j’ai 1h30 de sport programmée par jour. Parfois, je n’arrive pas à honorer ces cinq séances, et je suis un peu mauvais élève dans le sens où j’ai besoin d’un flic. J’ai besoin d’un coach qui regarde ce que je fais, parce que dès qu’il tourne le dos, j’arrête de pédaler, je descends les tours minute. (Sourire.)

Pierre Loisel : Tu ne fais rien au hasard quand tu es sportif de haut niveau. Mais ça a été très compliqué au début, quand je ne savais pas gérer les deux emplois du temps. Maintenant, ça fait cinq ans que je suis à l’INSEP, j’ai le même manager, et pour ce qui est de la musique, il s’en fiche. Si ça me rend heureux et que je suis content de le faire, je peux y aller. C’est accepté, et il le voit d’une bonne façon. Il faut juste que ça n’interfère pas avec le sport.

Pierre Loisel

© CNOSF – Presse Sports

Décharge mentale

Corentin Moutet : Je me suis mis à gratter des bouts de phrases à l’internat, mais c’est une fois à Paris que j’en ai fait un vrai hobby. Je voulais vraiment me servir du rap et de l’écriture comme d’une thérapie pour laisser échapper mes émotions, qu’elles soient positives ou négatives. On a une pression et une exigence de résultat constantes. Mais dans un sport individuel comme le tennis, c’est encore plus exacerbé, puisque quand tu as un coup de moins bien, tu es tout seul !

Timothée Adolphe : Le compromis que j’ai passé avec mon coach, m’autorisant à reprendre la musique, était essentiel pour moi. En arrêtant le rap, j’étais peut-être plus focus sur l’athlétisme, mais je n’avais plus cette échappatoire quotidienne quand les choses allaient moins bien. Il a fallu que j’arrête le rap pour comprendre à quel point j’en avais besoin.

Timothée Adolphe

© CNOSF – Presse Sports

 

Earvin Ngapeth : Le rap, c’est vraiment quelque chose qui me vide l’esprit. Je dis très souvent que chaque sportif a sa petite bulle pour sortir de son cocon du sport, de l’entraînement, de la pression. Certains font de la peinture, certains lisent, moi c’est écrire et faire de la musique. Si je fais un mauvais match et que je ne suis pas content de ma performance, je sais qu’aller au studio le lendemain va me faire du bien. Plutôt que de rester dans mon canapé et de cogiter, je vais faire de la musique.

Pierre Loisel : Je pense que la musique me rend heureux. J’y vais quand je sais que j’ai besoin d’aller extérioriser tout ce que je pense, que j’ai plein de questions. Et quand je suis dans cette optique-là, je suis performant en studio. Donc forcément, le lendemain, je me sens soulagé d’un poids. Je veux vraiment utiliser la musique comme quelque chose qui me booste pour repartir le lundi à l’entraînement.

Médine : Je ne dirais pas que le sport me sert à me vider la tête, parce que ce n’est pas un endroit où je décompresse. Je suis dans un esprit de préparation. Ça fait partie intégrante de mon taf, je le vois comme un entraînement, je n’ai pas l’esprit ailleurs et je suis focus quand je fais un mouvement ou une répétition de série. Je pense à comment ça va se matérialiser ensuite dans mon travail, quelles répercussions ça aura sur mes concerts. Donc pour moi, le sport fait partie intégrante de mon métier.

Le rap, c’est quand même le seul art qui te permet d’évacuer tes frustrations.

Davinhor : Dans ma musique, je n’attends pas toujours des résultats immédiats, même si, en tant qu’être humain, on souhaite toujours ça. Grâce au sport, j’ai appris à être plus patiente, à accepter les choses telles qu’elles viennent et à chercher constamment à m’améliorer.

Earvin Ngapeth : Dans mes textes, j’aborde aussi pas mal de sujets qui sont finalement compliqués à développer quand tu es sportif. Il y a des sujets personnels et politiques que tu abordes naturellement en tant que rappeur, mais pas du tout en tant que sportif. La musique me permet de faire découvrir aux gens pas uniquement le Earvin sportif, mais le Earvin de tous les jours. Par exemple, le rap m’a beaucoup aidé en Russie. J’étais là-bas en plein Covid , seul pendant sept mois et demi à faire ma saison, et je pense vraiment que sans cet objectif de préparer mon projet rap, je n’aurais pas tenu.

Georgio : Le rap, c’est quand même le seul art qui te permet d’évacuer tes frustrations. Et je pense que c’est en grande partie pour cela que les sportifs s’y retrouvent. Au-delà du milieu populaire dans lequel les deux côtés grandissent, cet aspect mental est primordial. L’écriture est le rouage principal du rap et parle beaucoup plus aux sportifs, qui peuvent s’identifier à tel ou tel texte quand ça va un peu moins bien. C’est plus difficile pour un athlète de se galvaniser en écoutant du jazz par exemple.

Avantage sur scène

Médine : J’ai complètement senti un avant et un après en concert, quand je me suis remis au sport. Sur scène, on a du cardio long qui permet de tenir longtemps en sautant, en associant les mouvements, en parlant. Un concert, c’est comme si tu faisais un semi-marathon en parlant.

Les showcases, c’est plus qu’un 100 mètres, c’est comme si je courais un 1500 mètres !

Davinhor

Rayan Nohra

 

Davinhor : L’athlétisme m’a aussi énormément aidée pour mes concerts. Comment je gère ma respiration, comment je m’adapte, comment je m’arrête. Parfois, les showcases, c’est plus qu’un 100 mètres, c’est comme si je courais un 1500 mètres. La course, c’est aussi quelque chose de stratégique, il y a des moments où tu dois temporiser, relancer. Et pendant mes concerts, je m’adapte aussi énormément à mon jeu et à ma respiration en fonction des morceaux joués.

Médine : Je vais faire l’Olympia et le Carré des Docks dans ma ville du Havre dans le cadre de ma tournée. Et ce sont deux dates challenges, où je vais allonger le temps de concert. Je serai sur un full semi-marathon de 3h, donc il faut absolument que mon cardio soit impeccable du début à la fin. Mon obsession, c’est de finir le concert avec le même cardio qu’au moment où je le commence.

Earvin Ngapeth : On m’a dit que je tenais super longtemps au niveau du souffle pendant les répétitions, je n’étais pas fatigué même au bout de 4, 5h. Enfin si, j’étais fatigué, mais je les ai tenues. (Rires.) C’est sûr que la condition physique est super importante, et c’est pour ça que les rappeurs font du sport.

Le Cœur Bleu

Georgio : Les Jeux Olympiques, c’est le moment où je me focalise sur des sports que je n’ai pas forcément l’habitude de suivre assidûment. Moi, j’ai eu ce truc avec le volley-ball à Tokyo, je suivais l’avancée du parcours de loin, jusqu’aux demi-finales, où j’étais comme un fou. La finale je n’en parle même pas, je célébrais tous les points, j’étais stressé... Pareil avec la boxe et le parcours de Tony Yoka à Rio en 2016, que j’ai suivi de A à Z. En boxe, l’équipe de France a toujours été attendue et là, on sentait la médaille d’or vraiment possible. 

Medine : Il n'y a pas un repas de famille qui se déroule chez moi sans une conversation autour de la boxe. Je suis fils de boxeur et frère d'entraineur de boxe anglaise. Comme je le disais, mon père a même été en équipe de France. Du coup il y a vraiment aucun repas de famille qui se déroule sans que le sujet arrive sur la table. Limite je fuis ces conversations tellement elles sont présentes (sourire). Ça commence par un repas le dimanche et ça finit dans le salon avec le daron à revoir les combats qui ont eu lieu la veille, parler des futures pépites du club ou de la gestion de la fédération. Ça fait partie de ma vie de famille vraiment. 

François Vallée

Médine

 

Davinhor : J'ai des amis athlètes, certains sont professionnels et d'autres sont entraîneurs. Il y a Teddy Tamgho, qui est entraîneur et s'occupe actuellement du champion du monde de triple saut.  Je connais Teddy depuis très longtemps, depuis que j'étais cadette. On se suit toujours, on se motive ! J'ai des amis dans différents sports, que ce soit le football, le tennis ou autre. Quand on pratique un sport, on rencontre de nombreux autres sportifs, notamment à l'INSEP. Donc je ne pourrais même pas tous les citer. Je pense aussi à des gens comme Antoinette Nana Djimou en heptathlon, je discute aussi avec Benzema. Franchement, là, je devrais vérifier mes DM et regarder, mais il y a du beau monde ! (rires)

Même passions

Ce sont deux mondes qui vivent ensemble, alors pourquoi se mettre des limites ?

© CNOSF – Presse Sports

 

Earvin Ngapeth : Le rap est la musique la plus écoutée en France, et si tu vas dans un vestiaire de n’importe quels sportifs, les mecs vont écouter du rap. Au basket, aux États-Unis, tu vois énormément de mecs du rap qui sont dans les tribunes. Les rappeurs sont des sportifs à la base. Ce sont deux mondes qui vivent ensemble, alors pourquoi se mettre des limites ?

Corentin Moutet : Mais dans le côté intimiste, écorché vif justement, je pense que les deux se rassemblent. Les rappeurs se livrent dans leurs textes, nous on se livre durant les matchs, en allant au bout de nous-mêmes. C’est quand même rare de voir un sportif cacher ses émotions. On pleure face caméra, on s’énerve face caméra, on rigole face caméra. Les rappeurs, c’est pareil, sauf qu’eux laissent transparaître tout cela derrière un micro.

Corentin Moutet

© CNOSF – Presse Sports

 

Timothée Adolphe : Le rap, c’est l’egotrip, c’est-à-dire qu’on livre le fond de notre pensée à travers un texte. Pour l’athlète, c’est la même chose. Il doit donner le meilleur de lui-même sur un laps de temps, sans que rien ne compte pendant cette durée. La performance, textuelle ou physique, voilà où se situe le point commun entre rap et sport.

Georgio : Je suis complètement d’accord ! Dans la performance, il y a de fortes similitudes. Nous, les rappeurs, on cherche toujours à prouver, et à se prouver, qu’on est les meilleurs, on va au bout de nous-mêmes sur les textes. Les sportifs, c’est pareil. Sur un match, une course ou un tournoi, ils vont entrer dans leur bulle et tout donner.

Davinhor : La compétition me manque énormément. L'adrénaline ressentie au départ d'une course, lorsque le stade se fige pendant quelques secondes... C'est ça qui est magique pour moi dans le sport : on arrive à figer des stades entiers et des millions de personnes derrière leur télévision. Ça rassemble énormément, comme la musique.

Médine : Les sportifs sont inspirants pour les rappeurs. Il y a un univers commun, qui est celui du dépassement de soi. Je pense que les sportifs fantasment un peu le monde du rap et les rappeurs fantasment un peu le monde des sportifs, parce qu’on ne connaît pas l’ensemble de ces univers-là, et on idéalise un peu de loin. Un sportif, aujourd’hui, ça incarne quelque chose en matière d’hygiène de vie, de rigueur, de dépassement de soi, de mental, de volonté. Ce qui explique les nombreux name-droppings de sportifs dans les morceaux

 Je pense que nos vies sont très similaires. On est tous un peu sportifs dans nos têtes.

Pierre Loisel : Le point commun entre les rappeurs et les sportifs, c’est cette idée d’être perfectionniste. Quand je vais au studio, je n’aime pas être nul. C’est une compétition entre moi et moi d’abord. Et après, aussi, il y a un peu cette créativité. Sur la piste, je laisse mon feeling parler. Et c’est pareil au studio. Je fais ce que je sens. Quand j’arrive à tirer libéré sur une piste d’escrime, je suis hyper fort. Et quand je fais de la musique sans me poser de question et en me lâchant, c’est là où il y a les meilleures mélos qui sortent aussi. Quand tu arrives à accepter qui tu es et que tu es toi-même à 100%, généralement il y a des bonnes choses qui sortent.

Davinhor : Mon copain est footballeur. Et quand il me raconte ses problèmes, je vois qu’ils sont similaires aux nôtres. Vivre de sa passion n’est pas facile, il faut se lever très tôt, avoir une confiance en soi incroyable. On a les mêmes difficultés. Quand ça ne va pas, on peut nous fermer des portes, et je pense que nous, les rappeurs, on est tous un peu sportifs. Et franchement, pour être rappeuse aujourd’hui, il faut se lever encore plus tôt. J’ai commencé la musique en 2018, j’aurais pu arrêter des millions de fois. Plusieurs fois, j’ai craqué chez moi en me disant que j’allais arrêter, que j’allais travailler comme tout le monde. Mais je voulais faire ça, et on ne m’a pas toujours tendu la main. J’ai été obligée d’aller chercher les choses, comme un sportif de haut niveau qui frappe aux portes pour se faire repérer. Mais voilà, je pense que nos vies sont très similaires. On est tous un peu sportifs dans nos têtes.

SoPress (Adel Bentaha et Brice Bossavie)

BONUS

Les meilleurs punchs de rappeurs sur les athlètes français

Le rap influence le sport, mais les athlètes influencent aussi les rappeurs. La preuve avec ces punchlines aussi iconiques qu’inattendues où se croisent Jean-Philippe Gatien, Stéphane Diagana et Christine Arron. Florilège.

Pour écouter les sons d'Earvin Ngapeth, de Timothée Adolphe et de Corentin Moutet, c'est par ici ! 👇

 

Earvin - L'entraineur

Timothée Adolphe - Olympe

Corentin Moutet - Au pays des étoiles 

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