Christian Femy (directeur sportif) : “On fonctionne toujours en équipe”
Christian Femy est entraineur de ski depuis 41 ans. La neige est son élément, la montagne son domaine. Petit à petit, il a gravi les échelons, du club au niveau régional, des juniors au niveau national en France mais aussi au Canada, en tant que directeur du développement, avec les équipes nationales. Son savoir-faire et son expérience de part et d’autre de l’Atlantique paient, il entraine au plus haut-niveau. Aujourd’hui directeur sportif de l’Equipe de France Paralympique, il accompagne nos Bleus depuis plus de 10 ans et fera à Pékin ses troisièmes Jeux Paralympiques.
Apporter tout son savoir-faire aux athlètes pour leur permettre de performer, telle est la démarche qui accompagne Christian Femy depuis le début de sa carrière : “Quand tu vois des athlètes arriver au plus haut-niveau, tu te dis que tu as apporté ta petite pierre à cet édifice. Moi je me suis toujours demandé ce que je pouvais apporter aux sportifs pour qu’ils performent.” Quelques semaines après des Championnats du monde à Lillehammer où les Bleus ont apporté vingt médailles dont dix titres, il encadre une équipe conquérante.
Ce qui m’intéresse c’est la dynamique des équipes
Pendant longtemps Christian Femy a travaillé avec des skieurs au plus haut-niveau dont certains tels que Johan Clarey sont désormais médaillés olympiques. Si le haut-niveau valide, n'a plus de secret pour lui, il n’a en revanche pas entrainé du côté paralympique. En 2010, il travaille avec une équipe régionale quand la Fédération Française Handisport est à la recherche d’un nouvel entraineur. Son nom est proposé, sa candidature est retenue. Tout d’abord en charge du para ski alpin, Christian Femy endosse par la suite la responsabilité du para ski nordique, et du para snowboard, trois sports d’hiver certes, mais chacun avec leur identité propre. A l’époque, la fiche d’objectifs est claire : remonter le niveau après les Jeux Paralympiques de Vancouver où l’équipe de France était rentrée avec six médailles et une 10e place au classement. Quatre ans plus tard, les Bleus quittent Sotchi avec douze médailles dans les bagages et une place de 5e : “On avait déjà franchi un petit cap”, appuie Christian Femy qui choisit logiquement de continuer jusqu’en 2018.
Cette année-là, les Bleus cartonnent aux Jeux Paralympiques de Pyeongchang : 20 médailles et la 4e place du classement général*, Christian Femy décide logiquement d’accompagner l’équipe jusqu’en 2022 "Pour voir si on est mieux ou pas”.
Réponse le 13 mars donc, même si pour lui, cette notion de mieux ne s’arrête pas au classement et aux médailles, loin de là : “Ce qui m’intéresse c’est la dynamique des équipes, le niveau de performance qu’ils ont en incluant tous les paramètres : technique, physique, tactique, mental, équipement, hygiène de vie...”
Vivre ensemble c’est quelque-chose qu’on connait
Depuis douze ans il travaille avec les athlètes de l’Equipe de France, à construire des projets sportifs, de paralympiade en paralympiade, en essayant d’être le plus complet possible. Autour des athlètes, il réunit un encadrement de haut-niveau : entraineurs, experts dans la préparation des skis, structure paramédicale... Ensemble, ils passent chaque année entre 120 et 130 jours par an que ce soit pour les compétitions et les stages : “Vivre ensemble c’est quelque chose qu’on connait”. Ensemble ils enchainent les heures d’entrainement avec la même exigence pour chacun. Des skieurs, au staff technique en passant par les entraineurs et Christian Femy lui-même, partout, la phrase est sans cesse martelée : nous sommes une équipe. Résultat, quatre ans après Pyeongchang, où on lui avait reproché de cacher ses bons résultats d’équipe derrière quelques leaders, comme Marie Bochet ou Benjamin Daviet, force est de constater que le groupe des leaders s’étoffe, paré pour Pékin 2022. Certains décrochent des médailles sur les premiers Championnats du monde de leur carrière, comme Victor Pierrel par exemple.
CPSF/G. Picout - Entrainement Jeux Paralympiques Pékin 2022
Pour Christian Femy, c’est la dynamique de groupe qui fait que le reste de l’équipe est tirée par le haut : “Nos leaders apportent aux jeunes et les jeunes apportent beaucoup de fraicheur et de curiosités aux leaders. On s’entraine en équipe, on fonctionne en équipe, on a des classements en équipe, des stages d’équipe, des entraineurs d’équipe, des techniciens d’équipe, des kinés d’équipe. C’est cette dynamique qui fait que nos leaders bénéficient de toute l’organisation pour se développer. On fait des sports quasi impossibles à faire seul. A un moment ou à un autre, tu as toujours besoin de revenir avec le groupe.”
Le handicap fait partie de l’environnement, au même titre que la neige
En Chine, l'équipe de para ski alpin sera à Yanqing, séparée du para ski nordique et du para snowboard, pas de quoi l’affoler, lui pour qui la dynamique de groupe est travaillée depuis quatre ans : “Tout le monde fait partie de l’équipe, célèbre les victoires des autres.” Et quand on lui parle des contraintes sanitaires, il répond qu’ils ont la chance de savoir s’adapter car ils font un sport dans lequel l’adaptabilité est un facteur clé : la neige, le vent, le soleil mais aussi le handicap qui fait également partie de leur environnement au même titre que la neige... On s’en doute, Christian Femy ne fera pas d’annonce sur un objectif de classement : “Ce qui nous importe c’est que nos sportifs aillent le plus vite possible dans leurs parcours, qu’ils tirent le plus droit possible dans les cibles, qu’ils réussissent à conquérir la piste de descente, jusqu’à la ligne d'arrivée avec tous les moyens techniques et physiques à leur disposition. Là seulement on regardera le tableau d’affichage.”
Le haut-niveau c’est le phare pour montrer ce qui existe
Philosophe, Christian Femy considère que la détection et le développement du para ski et du para snowboard passent aussi par la visibilité d’une Equipe de France performante : “Je crois que le développement d’une discipline dépend de plusieurs paramètres, et la réussite sur les grand événements en est un. Cela t’apporte une forme de reconnaissance, cela permet de montrer ce qu’on fait. Plus cette médiatisation existe, plus on peut tirer du bon, et attirer de nouveaux pratiquants. Le haut-niveau c’est le phare pour montrer ce qui existe.”
(*) La seconde place obtenue par le comité paralympique russe n’étant pas comptabilisé par le comité international paralympique, il n’y a pas eu de seconde nation sur cette compétition.
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